Le double monde
1919

Le double monde
1919
Domaine | Peinture |
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Technique | Ripolin et huile sur carton |
Dimensions | 132 x 85 cm |
Acquisition | Dation, 2003 |
N° d'inventaire | AM 2003-3 (1) |
En salle :
Musée - Niveau 5 - Salle 21 : L'atelier d'André Breton
Informations détaillées
Artiste |
Francis Picabia (Francis Martinez de Picabia, dit)
(1879, France - 1953, France) |
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Titre principal | Le double monde |
Titre de l'ensemble | Mur de l'atelier André Breton |
Date de création | 1919 |
Domaine | Peinture |
Technique | Ripolin et huile sur carton |
Dimensions | 132 x 85 cm |
Inscriptions | S.D.B.DR. : 1919 / Francis Picabia |
Acquisition | Dation, 2003 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 2003-3 (1) |
Analyse
Le mur de l’atelier d’André Breton, entré par dation au Musée en 2003, évoque la seconde pièce de l’appartement de la rue Fontaine à Paris, occupé par le poète, de 1922 à sa mort en 1966. Les 212 œuvres d’art et objets qui y sont regroupés rappellent l’esthétique défendue par Breton dans ses écrits et à travers sa collection. Il n’a cessé de l’enrichir, guidé par « un irrésistible besoin de possession », qu’il attribuait au désir de « s’approprier les pouvoirs des objets » ayant suscité en lui surprise et interrogation. Autour des chefs-d’œuvre des artistes qu’il a soutenus (Notre avenir est dans l’air, 1912, de Picasso, LHOOQ, 1919, de Picabia, Tête, 1927, de Miró, Boule suspendue, 1930-1931, de Giacometti, La Boîte-en-valise, 1935-1941, et Coin de chasteté, 1954/1963, de Duchamp), sont soigneusement accumulées des pièces en résonnance avec sa poétique de « l’œil à l’état sauvage, œil premier, libre de toute entrave » : des tableaux, des masques et des objets océaniens, précolombiens et nord-américains, ainsi que des objets trouvés, des objets populaires, des pierres, des racines, des boîtes de papillons.
Brigitte Leal
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007
Analyse
Complice en 1912 des peintres du Salon de la Section d’Or (Jacques Villon, Albert Gleizes, František Kupka…), Francis Picabia (organisateur et mécène de l’exposition) s’est rapidement écarté du postcubisme au profit d’un protodadaïsme. D’élève consciencieux du cubisme, il est devenu, à la fin des années 1910, un des plus virulents contempteurs du sérieux des artistes soucieux de prolonger, en les régulant, les innovations cubistes. En 1920, Picabia s’emploie à saborder la seconde exposition de la Section d’Or. Par ses études d’une géométrie capable de mettre ses œuvres en accord avec les lois d’une « harmonie universelle », Léonard de Vinci est promu père putatif des artistes de la Section d’Or. Il devient, de fait, la cible désignée de Picabia et de Marcel Duchamp. Ce dernier ouvre le feu en affublant une reproduction de La Joconde d’une barbiche et d’une paire de moustaches. Picabia entraîne la Section d’Or dans une danse de lassos (qui relie les points et axes de la « divine proportion »). Sur l’axe médian du Double Monde , l’inscription « LHOOQ » renvoie à celle écrite par Duchamp au bas de sa reproduction du célèbre tableau de Léonard. De même que La Joconde de Duchamp juxtapose l’image de la « chose mentale » et le rappel d’une physiologie bien réelle, Le Double Monde (cat. rais. n o 243) rapproche le symbole d’un art spéculatif, ésotérique (le nombre d’or) et les rappels à la matérialité prosaïque des tableaux (« haut », « bas », « fragile »…). Par ce télescopage, Francis Picabia dénonce la tartufferie des peintres adeptes de ce qu’il nomme, dès lors, la « section mordorée ».
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007